MISE À JOUR 12 nov. 2015 : en octobre 2015, pas moins de 49 interceptions de taches noires ont eu lieu sur les cargaisons de citrons en provenance de l’Uruguay. Cela amène l’Uruguay à un total de 61 interceptions pour 2015, contre 17 pour l’Argentine et 16 pour l’Afrique du Sud. L’Afrique du Sud reste le seul pays touché par une interdiction d’exportation à ce jour. Source : Europhyt.
Communiqué de presse, Waddinxveen - Trois années de suite (2013, 2014, 2015), les exportations d’agrumes de l’Afrique du Sud vers l’UE ont été stoppées sous la menace d’une interdiction de l’UE. À chaque fois, cela survient autour de la période de lancement de la saison d’agrumes européenne. Les exportations d’agrumes d’Amérique du Sud, représentant substantiellement plus d’interceptions de taches noires pour des volumes d’échange plus faibles, n’ont pas été stoppées. Selon les scientifiques, la propagation des taches noires en Europe via des fruits infectés est impossible. Volkert Engelsman d’Eosta se pose logiquement la question : cette interdiction n’est-elle pas en réalité une mesure protectionniste ?
La tache noire est une maladie fongique des agrumes qui apparait dans des endroits spécifiques du globe ayant un climat subtropical. Ce champignon cause des petites lésions noires sur les fruits qui rendent le produit difficile à vendre, bien que le dommage soit purement esthétique, la qualité nutritive du fruit n’étant pas affectée. Il n’existe également aucun danger pour la santé. Les arbres ne meurent pas de cette maladie, comme c’est le cas avec d’autres maladies des agrumes comme la mort subite des agrumes qui tua des millions d’arbres fruitiers au Brésil. Pour de telles maladies, des précautions strictes seraient justifiées.
La problématique des taches noires a néanmoins un impact économique majeur. Les producteurs d’agrumes d’Afrique du Sud, en particulier, ont été sérieusement dupés par cette situation. En novembre 2013, le premier arrêt sur les exportations d’agrumes venant de certaines régions d’Afrique du Sud a été initié sous la menace d’une interdiction par l’Autorité européenne de sécurité des aliments. Ce schéma s’est répété plusieurs années consécutives. En 2014 et 2015, des producteurs d’agrumes sud-africains ont stoppé leurs exportations en septembre après que des taches noires aient été trouvées dans un nombre minime de lots exportés.
Parallèlement, le coût du système de gestion des risques a augmenté pour atteindre des niveaux ridicules, le tout au frais des producteurs. Assez étrangement, les importations provenant d’Amérique du Sud n’ont pas été prohibées, bien que l’interception de taches noires y soit deux fois plus fréquente que sur les fruits d’Afrique du Sud. D’après les rapports Europhyt de l’UE, de mars à septembre 2015, 26 interceptions ont eu lieu sur des cargaisons venant de l’Argentine et de l’Uruguay, alors que 12 interceptions se sont produites sur des cargaisons d’Afrique du Sud.
Volkert Engelsman, directeur d’Eosta, importateur de fruits biologiques sur les deux continents, commente : « l’interdiction d’importation est discutable d’un point de vue scientifique. Le cycle de maladie du champignon est de telle nature que la maladie ne peut se propager aux arbres à partir des lésions contenues sur le fruit mûr. De plus, un panel expert international de scientifiques a mis en avant en 2013 qu’il n’existait aucun risque de transmission dans les climats européens. Le champignon n’apparait simplement pas dans les zones ayant un climat méditerranéen. »
Engelsman ajoute : « La province du Cap occidental d’Afrique du Sud possède un climat méditerranéen et produit des citrons depuis quatre-vingts ans. Le Cap oriental est une zone où les taches noires apparaissent et cultive également des citrons depuis quatre-vingts ans. Il n’y a aucune restriction de mouvement entre ces deux zones. Pourtant les taches noires ne sont pas parvenues à s’implanter au Cap occidental, pas durant ces quatre-vingts années. »
Engelsman se pose donc une question évidente : « l’Afrique du Sud et l’Espagne sont les plus gros producteurs d’agrumes au monde. Étant donné que seules les importations d’Afrique du Sud sont touchées, on se demande s’il s’agit d’une mesure sanitaire ou d’une barrière commerciale déguisée. Il semblerait vraiment que l’UE cherche à protéger les producteurs d’agrumes d’Europe du sud. En parallèle, on s’interroge sur la raison pour laquelle les agrumes d’Argentine n’ont pas été stoppés malgré un taux de maladie détectée plus élevé pour des quantités plus faibles. »
Volkert Engelsman est le PDG et fondateur d’Eosta, leader européen spécialisé dans les fruits et légumes biologiques. Engelsman a créé l’entreprise en 1990 et depuis, il visite les producteurs en Amérique du Sud et en Afrique du Sud plusieurs fois chaque année. Il a initié la campagne Save Our Soils et a été membre du bureau mondial de l’IFOAM (Fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique). Nature & More, la marque commerciale « trace & tell » d’Eosta, a reçu plusieurs récompenses dont le prix de l’entrepreneuriat durable 2013 (Autriche). Voir aussi www.eosta.fr, www.natureandmore.com et www.saveoursoils.com.
FIN DU COMMUNIQUÉ