Pays Bas, 3 Mars 2017 - Pendant Biofach 2017, le spécialiste des produits bios Eosta, EY, et d’autres ont présenté deux scoops : le tout premier compte de résultat au Coût Réel pour une PME, et les tous premiers résultats au Coût Réel concernant l’impact sur la santé des résidus de pesticides sur les produits. Les résultats illustrent la façon dont les coûts externalisés créent des règles du jeu inégales entre les entreprises prenant au sérieux la durabilité et celles qui ne s’en soucient pas. Des hommes politiques et écologistes allemands influents, Klaus Töpfer et Renate Künast, ont lancé un appel urgent pour que des mesures soient prises par le secteur public – qui souvent porte le poids de l’externalisation.
La récente tentative de rachat de Kraft Heinz, qui proposait 149 milliards de $ pour la multinationale de l’alimentation néerlandaise Unilever, est un bon exemple de là où mène l’externalisation. Unilever a une politique forte en matière de durabilité, aspirant à une croissance long-terme. Cependant, avec le système économique actuel, cela conduit à une hausse des coûts et une réduction des profits à court-terme. Kraft Heinz cherche à racheter Unilever, à diminuer tous les coûts liés aux programmes de développement durable, à créer un désastre écologique en même temps qu’un énorme profit court-terme, et à l’encaisser.
‘Heureusement, Paul Polman leur a dit d’aller placer leur argent ailleurs’, commente Volkert Engelsman, PDG et fondateur d’Eosta. Il se sent une filiation avec Paul Polman, le PDG d’Unilever, dans leur recherche d’allier écologie et économie dans leurs affaires. Mais Engelsman va plus loin, en choisissant une approche 100% bio depuis 1990. Il poursuit : « c’est vraiment incroyable que notre système économique actuel autorise toujours le type d’approche destructive suivie par Kraft Heinz. Des actionnaires ne devraient pas être en capacité de demander la destruction d’écosystèmes. La comptabilité du coût réel va aider à stopper ce genre d’approche d’externalisation et destructive pour faire des affaires ».
Lors de Biofach, Engelsman a présenté les résultats préliminaires de la comptabilité du coût réel dans la finance, l’alimentation et l’agriculture, avec le cabinet d’audit EY et d’autres partenaires. EY et Soli & More International ont réalisé les calculs. En 2016, ils ont principalement travaillé sur le capital naturel, mais à présent ils ont aussi modélisé le capital social, qui inclut l’impact des résidus de pesticides sur la santé des consommateurs. En utilisant les données d’un scientifique danois, Peter Fantke, ils ont obtenu des avantages-coûts de santé considérables pour les fruits biologiques. La plus grande différence concerne les pommes avec 0,14 € par kilo. Le concept EVCI (l’espérance de vie corrigée de l’incapacité) a été utilisé pour calculer l’impact, sur la base d’une approche d’évaluation du cycle de vie.
Les précédents calculs du coût réel par Eosta en 2016 considéraient seulement les impacts sur le capital naturel : le sol, le climat et l’eau. En ajoutant ces chiffres aux nouveaux montants calculés, le pilote arrive à un bénéfice total de 0,21 € par kilo pour les pommes biologiques, comparé aux pommes conventionnelles. Au vu des 81 millions de tonnes métriques de pommes consommées dans le monde chaque année, il s’agit d’un impact majeur.
A BIOFACH, Renate Künast et Klus Töpfer, deux hommes politiques allemands influents et leaders d’opinion, ont parlé en bien du pilote et ont exhorté le gouvernement à prendre des mesures sur la base de la comptabilité du coût réel pour créer des règles du jeu équitables entre les entreprises responsables et celles basées sur l’exploitation. Künast, ancien ministre de l’agriculture et président du Green Party, a plaidé pour une taxe carbone et d’autres mesures fiscales pour un « pollueur-payeur ». Töpfer, ancien directeur de l’UNEP et directeur actuelle de l’IASS, a souligné la nécessité de lois et politiques contraignant les impacts négatifs et décourageant les approches destructives.
Le pilote de la comptabilité du coût réel dans la finance, l’alimentation et l’agriculture a été mis en place par Eosta, Triodos Bank, EY et Soil & More, avec l’appui d’Hivos. L’objectif de ce pilote est de travailler à un bilan et à un compte de résultat du coût réel pragmatiques pour les PME. A BIOFACH, un compte de résultat préliminaire a été présenté par Tobias Bandel, directeur de Soil & More. Le graphique montraient bien que coûts et bénéfices cachés pouvaient égaler voire dépasser les profits financiers. Par exemple, d’après ces calculs, Eosta a apporté un bénéfice à la société de près d’1 million € pour la conservation des sols, en soutenant les producteurs dans leur gestion durable du sol. Bandel : « pour le compte de résultat intégré, il n’existe pas encore de référence. Mais depuis que nos comparaisons du coût réel au niveau produit montrent des coûts externalisés plus élevés pour les produits conventionnels, nous nous attendons à observer la même chose au niveau consolidé de l’entreprise ».
Les résultats du pilote doivent être dévoilés en mars. Le pilote se poursuivra ensuite avec des recherches approfondies sur les implications bancaires de la comptabilité du coût réel, et réalisera également des calculs pour d’autres entreprises. Un travail approfondi est attendu pour améliorer la complétude et la pertinence. Engelsman : « Notre but ultime est que le pilote nous donne un outil sous forme de tableau de bord pratique, avec lequel d’autres entreprises du secteur alimentaire pourront évaluer leur impact sur le capital naturel et social d’une façon pratique et simple ».
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